"J'ai fait mon premier voyage en métro hier. Cette expérience m'a convaincu que nous ne descendons pas du singe, comme l'avancent certains, mais du pou. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Des masses de gens s'entassent sous terre et voilà un train qui s'arrête, il est arrivé, je vous jure, à cent à l'heure. Bon, on se bouscule, on s'empile, les employés hurlent, poussent les voyageurs, et le train repart à toute vitesse. On est comme propulsé à l'intérieur d'un long tuyau d'arrosage. Avec le métro souterrain ou aérien, les trams et les taxis, la marche à pied devient une activité illusoire, pleine de traquenards. Mais où vont-ils donc à cette allure de dingue, à tout instant du jour et de la nuit, je me le demande. Je ne crois pas qu'ils le sachent eux-mêmes".
William Faulkner (lettre à sa mère, 10.11.1921).
"Tout à coup je me trouvai à Times Square. J'avais parcouru huit mille milles à travers le continent américain et j'étais de retour à Times Square ; et même en plein dans une heure de pointe, contemplant avec mes yeux naïfs de routier la démence absolue et la fantastique fanfaronnade de New York avec ses millions et ses millions de types se chamaillant pour un dollar, le cauchemar démentiel : empoigner, prendre, céder, soupirer, mourir, tout cela pour finir dans les ignobles cités funéraires qui se trouvent derrière Long Island City. Les hautes tours de ce continent, de l'autre bout du continent, l'endroit où l'Amérique de la paperasse est née. J'étais planté à une bouche de métro, essayant d'avoir assez de cran pour ramasser un long et magnifique mégot, et, chaque fois que je me baissais, des masses de gens passaient en trombes et le dérobaient à ma vue, et on finit par l'écraser".
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