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samedi 16 avril 2016

Hemingway, es pasado !





"For Whom The Bell Tolls, rédigé après la fin des hostilités et publié en 1940, jette un regard rétrospectif sur la guerre qui se veut « objectif » et équilibré. En fait, comme nous avons essayé de le démontrer ailleurs 26, il n'en est rien : il s'agit d'une vision bien « orientée » du conflit, celle du «compagnon de route » libéral et apolitique que fut Hemingway pendant toute la guerre. Et ceci malgré le célèbre portrait d'André Marty, qui reste justement une exception, ou les passages éparpillés dans le roman qui paraissent critiques vis-à-vis des communistes. A cet égard le compte rendu de D. Macdonald au moment de la parution de l'ouvrage, le point de vue de la dissidente Partisan Review, garde toute son acuité 27. Pertinent aussi est l'essai de l'écrivain espagnol Arturo Barea, qui participa à la guerre et pour qui le roman est peut-être fidèle à Hemingway, mais non à l'Espagne ou à la guerre 28. Ceci malgré des aspects remarquables : Barea reconnaît notamment, à l'instar du grand historien de la guerre Hugh Thomas 29, la véracité avec laquelle Hemingway recrée le milieu de Gaylord's, l'état-major soviétique à Madrid. N'est-il pas intéressant de constater que ce fut peut-être ce plus grand des best-sellers d'Hemingway, à beaucoup d'égards reflet fictif du discours idéologique dominant sur la guerre, qui modela l'image de cette guerre dans l'esprit des générations ultérieures ? Il existe d'autres perceptions de la guerre d'Espagne, certes, mais elles restent en général cachées dans les pages poussiéreuses de textes lus maintenant par les seuls spécialistes."

Sayre Robert. "La guerre d’Espagne : écrivains et écriture aux Etats-Unis". In: Revue Française d'Etudes Américaines, N°55, février 1993. Les années 1930. pp. 43-55.

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